Autobiographie
-
Auteur :
William Cliff
- Genre : Poèmes
- Collection : Clepsydre
- Date de parution : 1993, 2e éd. 1997
- Date de mise en vente : 16 juin 1997
Disponibilité : En stock
13,80 €
Description
presse
La cadence de Cliff
Qu'en « buveur de grands espaces » il prenne le large, comme dans America ou En Orient, que plus crûment il évoque « l'incohérence de ses errances » dans les bas-fonds de Bruxelles ou de Barcelone, le poète belge William Cliff est un fou de prosodie, qui retrouve avec autant de naturel le rythme de Marguerite de Navarre que celui de Perros ou de Queneau : « Il me plaît quant à moi continuer / de cheminer dans cette marche à pieds », écrivait-il dans Marcher au charbon. Les souvenirs têtus d'une enfance désespérante apparaissaient déjà dans Ecrasez-le. Ils sont, avant ceux de l'adolescence et de la jeunesse, le point de départ d'Autobiographie, un long poème en cent sonnets : « Je suis né à Gembloux en mil neuf cent quarante / mon père était dentiste et je l'ai déjà dit / ma mère eut neuf enfants et je l'ai dit aussi / pourquoi faut-il que je revienne à cette enfance ? » Cliff rappelle les souvenirs de l'austère collège où on lui inculque ce « mal dont on voulait (le) garantir », puis d'un autre collège dans les bois, où il découvre la beauté de la nature – la Meuse gelée, les sapins sous la neige. C'est alors que survient, à la lecture du récit que fait Chateaubriand de son enfance, la révélation de la littérature : « J'appris par ce récit n'être plus tout seul à souffrir / ce fut comme un voile levé sur mon âme sauvage / écrire alors devint pour moi le geste qui relie. » Suivent les sinueuses années d'étude à « Louvain en Brabant », puis la découverte de Barcelone, dans la chaleur et la tension de la nuit, avec une sorte « d'évulsive folie ». Avant l'épilogue, le livre se termine par cinq poèmes où la méditation du poète sur lui-même, « piètre spectre de ce qu' (il) aimerai (t) être ici-bas », s'entrelace à des citations de Bataille. Dans Fête nationale, dont les cinquante-sept textes constituent aussi un unique poème, la poésie de Cliff atteint, à travers une confidence plus voilée, à une lumineuse sérénité. La Fête nationale où il défila lorsqu'il était « pioupiou » lui fait regretter, comme Villon, sa jeunesse gaspillée, « mais c'est la loi de la vie que jamais / on n'apprend ce qu'il faut quand il faudrait ». Beaucoup de notations évoquent un corps maigre, une « force morte », la lassitude de « celui qui est malade et qui gémit dans l'ombre », mais Cliff trouve des accents baudelairiens pour apaiser la douleur : « Viens par ici mon corps oublie un peu ta peine. » Comme les Vers de mort du moine médiéval Hélinant de Froidmont, ces vers sont au fond « un chant de vie » : une célébration de la lumière, du fleuve aimé plein de silence, des oies sauvages qui prennent leur essor – « mon âme envole-toi comme ces oiseaux là-bas… » L'attente impavide du « grand voyage libre », le bonheur d'être en vie, de contempler comme un « sage chinois » le ciel limpide s'expriment, hormis quelques variantes, dans le rythme apaisant, presque organique, du décasyllabe et de l'alexandrin, « parole cadencée comme (le) sang », « langage mesuré » dont l'inquiète ferveur a le pouvoir de narguer la « camarde ». « Contre la boue où s'enlise ma vie / contre la brume où se perd mon regard / j'avance avec cette langue impotente / ma foi dans l'encre sur la page blanche / comme un amour qui vient toujours trop tard. »
Monique Petillon, Le Monde
La cadence de Cliff
Qu'en « buveur de grands espaces » il prenne le large, comme dans America ou En Orient, que plus crûment il évoque « l'incohérence de ses errances » dans les bas-fonds de Bruxelles ou de Barcelone, le poète belge William Cliff est un fou de prosodie, qui retrouve avec autant de naturel le rythme de Marguerite de Navarre que celui de Perros ou de Queneau : « Il me plaît quant à moi continuer / de cheminer dans cette marche à pieds », écrivait-il dans Marcher au charbon. Les souvenirs têtus d'une enfance désespérante apparaissaient déjà dans Ecrasez-le. Ils sont, avant ceux de l'adolescence et de la jeunesse, le point de départ d'Autobiographie, un long poème en cent sonnets : « Je suis né à Gembloux en mil neuf cent quarante / mon père était dentiste et je l'ai déjà dit / ma mère eut neuf enfants et je l'ai dit aussi / pourquoi faut-il que je revienne à cette enfance ? » Cliff rappelle les souvenirs de l'austère collège où on lui inculque ce « mal dont on voulait (le) garantir », puis d'un autre collège dans les bois, où il découvre la beauté de la nature – la Meuse gelée, les sapins sous la neige. C'est alors que survient, à la lecture du récit que fait Chateaubriand de son enfance, la révélation de la littérature : « J'appris par ce récit n'être plus tout seul à souffrir / ce fut comme un voile levé sur mon âme sauvage / écrire alors devint pour moi le geste qui relie. » Suivent les sinueuses années d'étude à « Louvain en Brabant », puis la découverte de Barcelone, dans la chaleur et la tension de la nuit, avec une sorte « d'évulsive folie ». Avant l'épilogue, le livre se termine par cinq poèmes où la méditation du poète sur lui-même, « piètre spectre de ce qu' (il) aimerai (t) être ici-bas », s'entrelace à des citations de Bataille. Dans Fête nationale, dont les cinquante-sept textes constituent aussi un unique poème, la poésie de Cliff atteint, à travers une confidence plus voilée, à une lumineuse sérénité. La Fête nationale où il défila lorsqu'il était « pioupiou » lui fait regretter, comme Villon, sa jeunesse gaspillée, « mais c'est la loi de la vie que jamais / on n'apprend ce qu'il faut quand il faudrait ». Beaucoup de notations évoquent un corps maigre, une « force morte », la lassitude de « celui qui est malade et qui gémit dans l'ombre », mais Cliff trouve des accents baudelairiens pour apaiser la douleur : « Viens par ici mon corps oublie un peu ta peine. » Comme les Vers de mort du moine médiéval Hélinant de Froidmont, ces vers sont au fond « un chant de vie » : une célébration de la lumière, du fleuve aimé plein de silence, des oies sauvages qui prennent leur essor – « mon âme envole-toi comme ces oiseaux là-bas… » L'attente impavide du « grand voyage libre », le bonheur d'être en vie, de contempler comme un « sage chinois » le ciel limpide s'expriment, hormis quelques variantes, dans le rythme apaisant, presque organique, du décasyllabe et de l'alexandrin, « parole cadencée comme (le) sang », « langage mesuré » dont l'inquiète ferveur a le pouvoir de narguer la « camarde ». « Contre la boue où s'enlise ma vie / contre la brume où se perd mon regard / j'avance avec cette langue impotente / ma foi dans l'encre sur la page blanche / comme un amour qui vient toujours trop tard. »
Monique Petillon, Le Monde
Fiche détaillée
Informations
- Titre
- Autobiographie
- Auteur
- William Cliff
- ISBN
- 978-2-7291-1176-2
- Date de parution
- 1993, 2e éd. 1997
- Date de mise en vente
- 16 juin 1997
- Collection
- Clepsydre
- Genre
- Poèmes
- Langue(s)
- Français
- Bilingue
- Non
- Pays
- Belgique
- Nombre de pages
- 140
- Dimensions
- 13 x 20 cm
- Poids
- 0.1630
- Présentation
- Broché